16 novembre 2008 7 16 /11 /novembre /2008 21:00

Le Festival du Film Italien de Villerupt, qui en était cette année à sa 31è édition, est souvent le théâtre de bien des émotions. Chahuté, chamboulé, tout sourire ou en larmes, c'est l'Italie et ses talents que le spectateur vient applaudir.

 

Au milieu de l'éclectisme proposé par l'organisation, était présenté cette année un documentaire qui est une sorte d’ écho à Gomorra dans la dénonciation de l'âpreté de la vie du côté de Naples.

Biutiful Cauntri, lui, ne s'attaque "que" au côté environnemental de ville. La guerre des ordures, et pas uniquement celles que l'on décharge au milieu de la campagne.

 

Trouver des mots pour dénoncer l'horreur est souvent dur. Y apporter des images est bien malheureux mais hurlant de vérité.

C'est ce qu'à fait la réalisatrice Esmeralda Calabria, certes d'une manière chaotique, anarchique et à la lecture peu évidente. Mais la question que l'on se pose, en ressortant de la salle, est en rapport au montage : comment cela est-il possible?

 

Biutiful cauntri dénonce, énonce, renonce. Un film de colère ; un film dans l'antichambre de l'enfer. Bien loin de l'idée que l'on se fait de l'Europe, bien loin de la quatrième puissance du continent. Bien loin de l'Homme au fond.

Ce film à l'espoir déchu n'apporte aucune solution. Il ne fait que constater que l'horreur est humaine, désespérément, définitivement  - à l’instar des conversations intenables de par leur cynisme et leur indifférence face à la vie de la populace locale. Sans scrupules, sans jugement, juste pour l'argent, encore, et la facilité, toujours.

Cette même populace, qui, jour après jour, se meurt et en a conscience, hurle, à l'agonie, comme ces moutons qui tombent par centaines, remplis de dioxine, emballés avec tristesse dans des sacs poubelles. Il ne fait pas bon vivre en Campanie…

 

Malheureusement, le film est un documentaire révolté comme beaucoup d'autres. La détresse des éleveurs, des agriculteurs et même des petits politiques qui tentent de se battre - quand ces derniers n'essayent pas eux aussi de profiter du système - se heurte toujours au même mur. Celui des entreprises véreuses, des hommes de pouvoir et d'argent aux mains salies par les promesses non tenues, aux scandales révélés, partie émergente de l'iceberg, et à la justice bafouée.

 

Après la haine sans fin éructée par tous les acteurs de cet immonde spectacle, tous se relèvent les yeux écarquillés et en silence, à peine rompu par quelques "c'est incroyable !" et autre "quelle horreur !" qui se perdent vite dans le crépuscule glacial.

Le monde tourne toujours, mais pour combien de temps encore avec de pareilles incrédulités?


Le film est sorti en France le 16 juillet 2008
 


Ugo Schimizzi

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