
Par son action symbolique pour la paix et la tolérance, Naïm Araydi, membre de la communauté druze de Galilée, s’inscrit dans cette culture religieuse encore aujourd’hui réservée aux initiés. Assez secrète, elle repose sur le concept de la réincarnation et sur le syncrétisme: de tous temps les Druzes auraient suivi les prophètes, qu’ils fussent juifs, arabes ou musulmans, intégrant aussi la pensée des philosophes grecs (Aristote, Platon). Cela n’a pas empêché, il y a quelques mois, des agressions et violences de la part de Druzes à l’encontre de chrétiens, sur la base de rumeurs dont les autorités ont révélé qu’elles étaient infondées, et, dans ce contexte, le festival de poésie était aussi celui de la réconciliation! Touché par ces efforts de paix, l’organisateur du festival français Teranova, Mario Salis, annonçait officiellement sa volonté de nommer le Docteur Araydi président de l’ édition 2007, et de lui adjoindre un poète de premier plan de langue arabe.
Egalement poète et «performeur», M.Salis remporta un vif succès avec l’énergie jeune et enthousiaste de sa «performance» et de la chanson éponyme: Are you ready?, où il prophétise la venue prochaine d’un Messie poète... Cette performance en français (contrairement à son titre) fut appréciée dans sa langue originale par de nombreux poètes, israéliens, juifs et arabes, roumains, turcs, espagnols, signe que la langue française garde un réel potentiel! Mais comme en témoignait un petit épicier de Nazareth, ancien élève des Pères franciscains (avec un français tellement impeccable que cela en était surréaliste), malheureusement la culture francophone a beaucoup perdu en vingt ans dans cette région. Pourquoi donc des responsables du Centre culturel français de la toute proche Nazareth ne se sont-ils pas plus impliqués dans le Festival de Maghar?
En effet, son organisateur N. Araydi recevait cette année trois poètes français, dont Michel-Eckhard Elial, également traducteur du livre Né en Israël, et mit en avant plusieurs autres poètes étrangers passionnés de culture française: le poète turc Mentin Cengis , des poètes de culture hébraïque comme Sabine Messeg ou encore Moshé Ben Shaul; ce dernier, après avoir traduit Cocteau et Apollinaire en hébreu, a présenté ses traductions de Rimbaud, après quelque vingt-six ans de travail . Aucun doute que la France, à travers la dimension symbolique de ce festival, et à l’image de ces réseaux francophones, a de très réels atouts à développer sur les plans culturel et économique en Galilée!