27 décembre 2006 3 27 /12 /décembre /2006 14:33

On a toujours besoin d’un plus petit que soi…

 

 

 


Deux jambes gigantesques reposent mollement à mi-hauteur d’une structure métallique aux allures d’araignée mâtinée de fusée spatiale. Autour d’elle, un balayeur ventru portant barbe et faux nez s’affaire en sifflotant. Les marionnettes, suspendues à des crochets, pendent inanimées; on distingue leur petits visages de bois sculptés dans la pénombre. Elles attendent l’impulsion virtuose des manipulateurs vêtus de noir qui viendront leur insuffler la vie.

 

Déroutant parti pris que celui de Jaime Lorca qui consiste à dénoncer le dispositif de façon si crue ; en règle générale, une marionnette n’est sur scène que « vivante ». Les codes théâtraux seront mis en avant au point de faire partie intégrante de l’histoire : lorsque Gulliver tuera un « affamé » venu le dévorer pendant son sommeil, causant ainsi la tristesse de son fils adoptif, il le consolera en lui disant qu’il ne s’agit que d’une marionnette !

 

La partie inférieure de la structure s’anime : une vieille bonne femme s’affaire autour d’un berceau où repose un poupon de bois. D’un simple mouvement de plateforme, le fuselage tentaculaire divise et structure l’espace, Gulliver bascule dans l’univers de Lilliput et nous avec lui. Lilliput voit s’accomplir sa prophétie dans ce géant tombé du ciel pour délivrer son peuple du joug de sa terrible impératrice guerrière. Cette dernière organise la capture de Gulliver afin de pouvoir l’utiliser dans ses croisades meurtrières contre ses adversaires. Les saynètes laissent la part belle aux récits et aux chants pour camper dans l’imaginaire du spectateur des paysages, des villes, un peuple et les guerres absurdes pour lesquelles il sacrifie ses enfants.


       La création de Jaime Lorca offre, avec humour et poésie, une illustration contemporaine aux thèmes adaptés du roman de J Swift. Avec des pantins de bois, Gulliver parle de la nature humaine, celle qui craint la différence et qui est violente envers ce qu’ elle ne comprend pas, mais aussi de celle qui est capable de courage,d’empathie et d’amour. La distanciation, liée à la scénographie, s’accompagne de l’identification aux personnages rendus attachants par la grâce d’une manipulation virtuose. Sous son costume de Gulliver, Lorca est un hôte qui invite le spectateur dans l’univers de la marionnette et fait en sorte qu’il s’y sente bien !
                                                                                                                                        Durry Julie
                                                                                   

                   

Gulliver de Jaime Lorca, librement adapté de Les voyages de Gulliver de Jonathan Swift,spectacle en langue espagnole surtitré,tout public à partir de 12 ans.     Vu à la Manufacture à Nancy, le 07 novembre 2006.

--Prochaines Dates :  -Du 6 au 9 mars 2007 au Théâtre 71  3, place du 11 Novembre,   92 240 Malakoff Tél. : 01 55 48 91 00 www.theatre71.com -Métro ligne 13 : Malakoff-Plateau de Vanves, puis marche de 3 min  -En Bus : de la porte d'Orléans, bus 126, arrêt Gabriel Péri-André Coin ou de la porte de Vanves, prendre le 191, arrêt Hôtel de Ville -En voiture : Périphérique, sortie porte de Vanves ou porte Brancion puis direction centre-ville ou Théâtre 71 (Parking rue Gabriel Crié)

                              

 

 

 

 

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