11 mai 2011 3 11 /05 /mai /2011 08:59

Après douze ans d’un parcours dense et spectaculaire, Joseph Arthur revient en groupe avec son disque le plus direct et simple à ce jour, un pur moment de rock’n’roll.

 

 

Joseph Arthur ou l’itinéraire d’un enfant gâté

 

Vu du bord d’une autoroute de l’actualité qui vomit ses sensations saisonnières par convois entiers, le parcours de Joseph Arthur est un vaste chaos. Si l’auteur compositeur américain le plus important de ces dix dernières années a perdu en chemin certains de ceux qui à la fin des années quatre-vingt-dix avaient succombé au charme vénéneux de chansons qui semblaient vierges de toute influence, son public, français notamment, lui est resté fidèle. Sans promotion ni publicité, les salles de concert n’ont jamais désempli. Que l’on visite la discographie pléthorique de Joseph Arthur par la route principale (six albums en dix ans) ou par l’itinéraire bis que dessinent ses maxis lâchés en pleine nature au fil des ans, il est recommandé d’attacher sa ceinture.

 

Joseph Arthur est découvert en 1996 par Peter Gabriel, qui édite sur son label Real World le premier album du jeune homme. Big City Secrets dévoile une écriture et une mise en son très singulières, une sorte de folk moderne basé sur des rythmiques et des arrangements sophistiqués, un audacieux travail sur les voix. Les chansons Mercedes et Daddy’s On Prozac signent à elles seules l’entrée de Joseph Arthur dans le cercle restreint des songwriters qui comptent. Le Ep Vacancy (1999) puis l’album Come To Where I’m From (2000) confirment la bonne nouvelle, accueillie comme il se doit par le grand public, qui fait un triomphe au single In The Sun. Les paroles révèlent aussi l’émergence d’un parolier de premier plan (« Your history acts like your gravity » psalmodiée pour l’éternité sur History).

 

2002 reste l’année du Grand Chelem pour Joseph Arthur. Coup sur coup sortent la série des quatre Junkyards Hearts (éditions limitées emballées dans des pochettes cartonnées entièrement dessinées par Joseph) puis l’album Redemption’s Son, appelé à rester durablement le chef d’œuvre du songwriter. Mélodies, arrangements, instrumentation et production sont absolument étourdissants. Cette glorieuse série marque la fin de la collaboration avec Real World. Fatigué par l’industrie du disque, Joseph Arthur va connaître en Europe les joies des bacs import.

 

Partagés entre calme précaire et tempêtes soniques, l’impressionnant Our Shadows Will Remain (2004) et le plus direct Nuclear Daydream (2006) passent inaperçus. Toujours nourris par une science du collage, les morceaux  de Joseph Arthur témoignent aussi d’une volonté nouvelle de simplicité. Une volonté qui transpire sur Let’s Just Be en 2007, signé Joseph Arthur & The Lonely Astronauts, un disque de groupe, un disque de rock percutant inspiré par les grandes heures des années soixante-dix. Joseph Arthur joue collectif. Pour le plaisir et la beauté du geste. Sur scène, le groupe l’emporte à l’énergie, à défaut de retrouver la singularité des concerts solitaires de Joseph. Les spectateurs de la Maroquinerie en décembre 2007 en ont encore des gouttes de sueur dans les yeux.  

 

 

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Temporary People ou le rock club de Joseph Arthur

 

Alors que les bacs import se sont encore garnis de quatre nouvelles livraisons en ce début d’année (des Eps très recommandables, qui couvrent toute l’étendue stylistique de notre homme), Fargo brise la malédiction et offre à nouveau à Joseph Arthur la lumière méritée. Temporary People, son septième album, prolonge la récréation rock’n’roll avec une jubilation et une décontraction inédites. Avec les Rolling Stones de Sticky Fingers (1971) et Exile On Main Street (1972) en ligne de mire, Joseph et son gang livrent des chansons percutantes et simples.

 

Qu’on n’imagine pas pour autant un disque rétrograde et petit bras, une ode au T-Shirt sans manches et aux solos de guitare. Avec ce qu’il faut de morgue et de sensibilité, Temporary People joue sur le velours d’une écriture généreuse, d’un son ample et d’une voix qui n’a jamais été aussi chaleureuse. Les filles font les (jolis) chœurs, l’harmonica, l’orgue et les cordes sont parfois de sortie, les ballades sont moelleuses et les chansons enlevées balaient toute forme de résistance.

 

Enregistré à New York avec les Lonely Astronauts, qui ont mis la main à l’écriture de certains morceaux, Temporary People frotte la singularité d’un artiste complexe au classicisme rock le plus classieux.  

 

Plus d'informations sur Joseph Arthur :

www.josepharthur.com/ 

 

 

 

Un concert Notice France :
 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Plus d'informations sur Notice France :
http://www.myspace.com/noticefrance

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