Ce que l’on ressent en recevant le nouvel album des Ogres de Barback, intitulé « Comme je suis devenu voyageur » en vue de le chroniquer ressemble un peu au sentiment du critique gastronomique à qui il incombe de confirmer les trois étoiles Michelin d’un restaurant d’exception.
Des doutes, des appréhensions, des espoirs aussi et des désirs surtout. Le désir d’être surpris, conquis, de retrouver ce qui avait pu plaire, tout en trouvant la recette nouvelle, authentique, innovante.
Avant de continuer cette métaphore gustative, rassurez-vous, cet opus des Ogres de Barback contient toutes ces clés, à merveille.
La connaissance du sujet rend les motivations et critiques plus exacerbées, attentives aux moindres faux pas. De l’annonce à l’attente de la sortie, de la pochette au titre, des mélodies aux paroles, Les Ogres de Barback persistent à se distinguer du reste du monde.
Ceux qui – dès leurs débuts il y a dix sept ans – se lançaient en solitaire à la conquête du monde de la musique, s’autoproduisant, distribuant au travers de leur label – Irfan – leurs disques et organisant des tournées monstrueuses emplies de petites salles et Zenith, festivals et Olympia s’obstinent à se démarquer. Ouf, on respire, on écoute posément le disque quelques dizaines de fois. Au début, curieux, pour analyser, et puis très vite simplement parce que le manque se fait sentir, les compositions raisonnant dans un coin de la tête, au cœur d’un bus ou d’un métro, en marchant au détour d’une ruelle, face à un paysage ouvrant vers l’aventure…
« Comment je suis devenu voyageur », ancré dans la tradition musicale des Ogres de Barback, deux frères et deux sœurs capables de jouer de dizaines d’instruments différents, pousse l’auditeur vers les découvertes. Nouvelles sonorités, nouveaux périples, nouvelles langues, autres cultures, autres sentiments.
Polisson, réfléchi, savant, curieux, il existe des dizaines de mots pour qualifier chacune des chansons des Ogres. Vous les retrouverez dans chacun des seize titres qui habitent la galette, agrémentés d’autres subtilités. La beauté littéraire se confond aux mélopées graciles dans une version urbaine sur Graine de Brigand ou en forme d’ode à l’amour et à la femme sur Nos vies en couleur et Entre tes Saints, faits de finesse et de beauté. Oui, les Ogres de Barback aiment toujours les femmes, les sublimer et les protéger, elles qui donnent la vie, charment l’homme, elles qui avaient déjà leur Salut à Vous peuvent maintenant être comblées avec un poème merveilleux.
Amour paternel cette fois ci et naissance du titre Petite Fleur, chanté avec Akli D. d’origine berbère, simplement aussi beau et profond que le Jardinier des amis de La Rue Ketanou, les deux titres semblant d’ailleurs se répondre, dans l’intitulé comme les textes, les mélodies arabes renforçant encore ce sentiment.
Militant, le groupe extrait de ses inspirations Palestine Confession, une chanson belle autant que triste, jouant sur les mots et leurs essences, à l’orchestration soignée – comme du reste l’ensemble de l’album.
En bon voyageur, Les Ogres de Barback s’entichent donc de l’amour des peuples, invitant percussions, chœurs et sonorités africaines sur Je n’suis pas courageux, mélancolie et rythmes tziganes pour une chanson de Bretagne à l’Espagne avec Ma tête en mendiant. J’mélance et Donc Je Fuis convoquent Camille Simeray, Lise Oustric-Borki, Dalèle Muller, Gavrish Borki, Guillaume Lopez et Jean Gomis dans des inspirations occitanes autant que roms, sénégalaises ou espagnoles, échos de la grande promenade des Ogres, maternées de paterns de batterie, mêlant voix, esprits et instruments autour d’un refrain aux parfums d’espoirs, d’amitiés, de devenir : « je ne vois qu’une seule issue, trouver le sens de ma vie, le détourner à mon insu, fuir ce que je suis »
Mais Les Ogres, c’est aussi de la chanson française nourrie d’accordéon, de cuivres, d’un soupçon de ska, le petit côté punk et impertinent des paroles, bref des ritournelles qu’on attend simplement de voir en concert et de reprendre à l’envie, avec eux ou a capella à la manière du classique Rue de Panam. A ce petit jeu, le titre éponyme de l’album s’en sort bien, assorti d’une critique acerbe et bien sentie de l’hexagone avec Elle fait du zèle…, ou encore le familial Le Daron, énergique, enregistré en live, et rejoignant la grande famille Burguière. Autre membre à être présent sur l’album – outre quelques voix éparses d’enfants qu’on imagine exploités par des parents bienveillants, faisant grandir très tôt une fibre musicienne chez leur progéniture – Léo, cinquième enfant de la famille, ayant bien grandi à présent et jouant de la batterie sur deux titres de l’album.
Entre rêve et quotidien, L’ennui et le jour est rieur et moqueur, plein d’idées farfelues et d’autres bien réelles, à la croisée de la fiction et de réalités passées ou en devenir, dans un crescendo mené avec maestria, dévoilant encore un peu plus les qualités extraordinaires de musicien des quatre membres.
Fait de la force de ses membres, de l’âme d’un groupe, « Comment je suis devenu voyageur » prolonge le rêve des Ogres de Barback et insuffle une énergie nouvelle aux amateurs de leurs chansons. Un élan bienvenue, un cri de certitude et de conviction, la ronde d’une famille, la magie des amitiés, la communion attendue, et une attente infinie jusqu’à la prochaine rencontre, au détour d’un concert…
Les Ogres de Barback semblent donc avoir signé pour un parcours aux trois étoiles permanentes, avec reconduction tacite à chaque nouvelle sortie d’album !
Texte : Ugo Schimizzi
Crédit photos : Juliette Delvienne & Ugo Schimizzi
plus d’infos sur Les Ogres de Barback :
plus d’infos sur Irfan le Label :
Prochaines dates :
24/03/2011 // La Défense [92]
Magic Mirror // Fest. Chorus des Hauts de Seine - Complet
25/03/2011 // Clermont-Ferrand [63]
La Coopérative de Mai - Complet
26/03/2011 // Alès [30]
Parc des Expos // Fest. La Meuh Folle
01/04/2011 // Bruxelles [Belg.]
L'Ancienne Belgique
07/04/2011 // Schiltigheim [67]
Salle des Fêtes // Fest. Les Artefacts
08/04/2011 // Mûrs Erigné [49]
Centre Cult. Jean Carmet
09/04/2011 // Orthez [64]
Complexe de la Moutète
10/04/2011 // Marmande [47]
Parc des Expos // Fest. Garorock
14/04/2011 // Rouen [76]
Le 106
15/04/2011 // Auxerre [89]
Le Silex
16/04/2011 // Avion [62]
Gymnase // Clôture Fest. Les Enchanteurs
21/04/2011 // Tarbes [65]
Centre Cult. de la Gespe
22/04/2011 // Istres [13]
L'Usine
23/04/2011 // Nice [06]
Théâtre Lino Ventura
07/05/2011 // Sarrebruck [Allemagne]
Fest. Perspectives
13/05/2011 // St Avé [56]
Le Dôme
19/05/2011 // St Germain en Laye [78]
La Clef
20/05/2011 // Montluçon [03]
MJC
21/05/2011 // Le Havre [76]
Magic Mirror
27/05/2011 // Lausanne [Suisse]
Les Docks
28/05/2011 // Evian [74]
La Grange au Lac
02/06/2011 // Bulligny [54]
Fest. Le Jardin de Michel
03/06/2011 // St Etienne
Zénith // Fest. Paroles et Musique
19/10/2011 // Tournefeuille [31]
Le Phare
27/10/2011 // Cenon [33]
Le Rocher de Palmer
28/10/2011 // Cenon [33]
Le Rocher de Palmer
02/11/2011 // Villeurbanne [69]
Le Transbordeur
03/11/2011 // Villeurbanne [69]
Le Transbordeur
10/11/2011 // Nantes [44]
Zénith
12/11/2011 // Annecy [74]
L'Arcadium
25/11/2011 // Nancy [54]
Zénith
26/11/2011 // Dijon [21]
Zénith
05/12/2011 // Paris [75]
Olympia
06/12/2011 // Paris [75]
Olympia
08/12/2011 // Montpellier [34]
Zénith
15/12/2011 // Lille [59]
L'Aéronef