Comme chaque année, avec créativité et éclectisme pour maîtres-mots, le festival Nancy Jazz Pulsation nous aura tenus en haleine jusqu'à la dernière minute. A l'occasion de ses 35 ans, la grosse artillerie était déployée pour permettre aux festivaliers de se délecter de musiques toujours aussi innovantes. Le mardi 14 octobre, c’est Camille qui prenait possession de la scène du Chapiteau de La Pépinière. Rencontre avec l'une des artistes les plus douées de sa génération.
Camille? Créative, ambitieuse, lumineuse. Elle en a parcouru du chemin depuis la sortie de son premier album intitulé Le sac des filles en 2002, un projet auquel elle s’était attelée lors de son stage de fin d'étude à l'Institut Science Politique de Paris. Ainsi, après nous avoir proposé de découvrir à travers son second opus Le fil, la technique du « bourdon » - la présence constante de la note Si à travers l’album), Camille nous invite désormais à revenir aux sources de la musique et à repousser les limites du corps avec son troisième album Music Hole. Se revendiquant davantage musicienne, les performances livrées sortent des conventions traditionnelles de l’industrie musicale qu’elle considère en crise. « On peut dire que c’est une chose positive car on redécouvre une économie plus saine, qui est l’économie du spectacle, un rapport direct avec le public », précise la chanteuse.
Avec le corps pour seul instrument, les performances livrées sur scène s'avèrent être de véritables cocktails sensoriels, nous plongeant au cœur d'une musique expérimentale et organique, un challenge physique mais surtout technique. « On ne joue que des corps humains, donc la moindre fatigue ou baisse de moral se ressent dans un instrument, ce ne sont pas des instruments électriques et on n’a pas de recours annexes. On est directement en prise avec nos émotions et nos énergies », confie Camille. Celle qu'on aime surnommer « la Bjork française » nous emmène au cœur de créations mêlant percussions corporelles et bruitages, un show très visuel et chorégraphique qui transporte le public et éveille la curiosité. « Cette envie est venue au fil des rencontres, mais c'était une envie très personnelle et intérieure d'explorer le corps parce que j'ai l'impression que c'est la seule chose qui nous appartienne vraiment, qui soit un vrai terrain d'expérimentation, de liberté, de plaisir ».
Une expérimentation qu’elle a décidé d’interpréter en anglais, une langue plus sonore qu’elle nous avait déjà fait découvrir lors de précédentes collaborations, notamment pour l’album Nouvelle vague. « C'est très différent selon la langue, c'est assez mystérieux (…) Pour moi, l'anglais est plus oral et spontané, en tout cas dans la manière dont je le vis. Le français est plus une langue d'analyse alors que l’anglais est plus direct », explique l’ancienne élève de khâgne. Un changement de langue qui lui a permis de s’exporter plus facilement, aux quatre coins de l’Europe mais aussi en Australie et au Japon.
Ophélie Binet
Quelques dates de prochains concerts :
05-11-08 : REIMS (La Cartonnerie)
09-11-08 : LE MANS (Bebop Festival)
12-11-08 : LILLE (Sébastopol)
13 et 14-11-08 : GRENOBLE (MC2)
18-11-08 : NANTES (La Carrière)
19-11-08 : ANGERS (Jean Carmet)
25-11-08 : PARIS (Zénith)
29-11-08 : LYON (Transbordeur)