Melting-Actu était au cœur de Paris, le 07 juin dernier pour le vernissage de l’exposition « DDesign Moi un Objet », organisée par Valo’ DDesign, entreprise Lorraine d'insertion par la décoration d'intérieure. Cette exposition, abritée par la galerie 117, dans le 7ème arrondissement de Paris, se faisait en présence du directeur artistique de Valo’DDesign, d’un salarié en résinsertion et des dirigeantes de l’entreprise.
« Du dimanche 05 au samedi 11 juin, VALO’DDesign propose aux amateurs d’art et de déco, pour qui une démarche créative associant esthétique et processus raisonné en terme d’impact écologique sont indissociables, une nouvelle exposition-vente d’objets décoratifs réalisés à partir de déchets industriels (signalisation routière, mobilier industriel, moteurs…). VALO’DDesign offre à des pièces mises au rebut de vivre une seconde vie loin des déchetteries. Par là même, la marque propose à des demandeurs d'emploi de retrouver le monde professionnel en développant leur créativité et leurs compétences techniques. Les objets sont en effet déconstruits, assemblés, transformés et recréés par des salariés en insertion. »
Rencontre avec Maurice Baillot, le Directeur Artistique de Valo’DDesign :
Pouvez-vous nous présenter l’exposition :
C’est la 3ème expo vente de Valo, avec 3 artistes, Valo’DDesign, Sophie Fichefeux et Jean-Louis Hurlin qui est maître d’art-forgeron sur Metz. C’est notre troisième expo, suite aux deux succès de l’année dernière, on nous a plus ou moins demandé de poursuivre. Nos objets plaisent, on nous attend. On est là aussi pour se faire connaître.
Comment une entreprise d’insertion messine se retrouve sur Paris ?
Les rencontres, les réseaux. Au départ, c’est grâce à un ancien étudiant qui était chez nous dont la maman travaillait sur Paris qui nous a mis en relation. On voulait surtout montrer qu’il y avait un potentiel économique et créatif en Lorraine et par ce biais nous montrer. Montrer le travail de nos agents mais aussi un savoir-faire lorrain. De par la sidérurgie et le val de Fensch, le mobilier industriel, on est en plein dedans. On est légitime et on exporte un peu de notre culture.
Où peut-on vous voir en Lorraine ?
Vous pouvez nous voir dans notre show room à Florange dans nos ateliers, on a quelques dépôts ventes sur Nancy et sur Thionville notamment à « Côté Cour ». On réfléchit à s’installer du côté de Metz également.
Un bureau à Pompidou ?
Peut-être, déjà un objet, une exposition, ce sera vraiment génial pour nous ! L’objectif c’est de donner du travail à notre personnel, pas que par du design, mais c’est une filiale où on peut communiquer et qui est très valorisante pour nos salariés.

Comment se passe la création entre l’artiste et les personnes en réinsertion ?
Pour le moment c’est moi qui donne la ligne. Les agents qui apportent leur patte aussi, mais ça prend du temps. La création ne se fait pas du jour au lendemain. Ce n’est pas facile pour des agents qui ont aussi du mal à s’exprimer socialement. Ca leur ouvre de nouvelles portes, ce sont des échanges. Il faut leur donner des consignes sur la récupération, la matière, la déconstruction. On travaille beaucoup sur le côté environnemental, voir le déchet différemment. On parle en termes de valorisation. Chaque objet a ses origines, son histoire au niveau de la matière comme de la finalité.
Comment se passe la récupération, quelles matières, quels endroits ? Vous acceptez de payer ?
Tout est récupéré gratuitement. Ca passe par des conventions avec des comités de commune, des entreprises. Tout se fait par des contrats mais sans échange d’argent. On a 3 déchetteries où on peut récupérer librement ce qui nous intéresse. Toutes nos matières premières sont du rebus. Il n’y a rien d’acheté. Après la récupération, on déconstruit et on trie.
Comment définiriez-vous votre travail et votre rôle ?
Récupérateur et révélateur de potentiels, de compétences pour les agents, révélateur de matière et d’objets. Récupérateur parce qu’on part de déchets et de rebus, de belles choses vouées à la destruction. Révélateur parce que leur design devient autre chose, on donne une seconde vie à l’objet.
Vous partez de l’idée d’un objet à construire ou vous faites en fonction de ce que vous trouvez ?
On fait en fonction. C’est-à-dire qu’il y a des grandes familles. Je regarde surtout en termes de matière. C’est des rencontres. D’objets venant d’horizon différents, mais aussi de rencontres et d’idées. Un objet on peut le refaire plusieurs fois. On peut terminer un objet, le re-déconstruire et essayer autre chose. Un objet se repense tout le temps. C’est travailler aussi sur l’œil, le regard, la lumière parce qu’ on travaille beaucoup sur du métal ajouré, décapé. Il y a cet aspect d’objet finit mais avec des origines. C’est un peu pareil avec les gens qui travaillent chez nous. On travaille avec des gens qui ont eu des accidents de la vie mais qui malgré tout sont productifs. Même un objet cassé servira, une personne c’est la même chose. Il faut chercher le côté positif des choses.
Peut-on voir une signature lorraine à travers la prédominance du métal et de l’acier dans vos mobiliers ou est-ce une facilité, une attirance ?
A la base je suis menuisier ébéniste. Je voulais travailler le bois. Mais le problème, c’est que travailler le bois, ça prend plus de temps notamment pour former les agents. Les pièces les plus simples c’est le métal, c’est vrai. Mais on cherche du vieux métal, pas du « made in china ». Il faut qu’il y ait une histoire, du vécu. Si c’est du jetable, ça ne m’intéresse pas. Ce qui a été utilisé deux fois et jeté parce que ça n’était pas conçu pour durer, je n’en veux pas.
Qu’est-ce qui vous a amené dans ce travail ?
Dans mon parcours hétéroclite j’ai travaillé dans le domaine des arts, j’ai étudié aux beaux-arts de Metz, j’ai également été éducateur technique, j’ai aussi été éducateur en réinsertion. Toujours avec le souci des personnes, un mélange entre du social et le côté technique et créatif. L’art on peut le trouver ailleurs que dans des galeries, notamment dans nos poubelles.
Voyez-vous une possibilité de placer vos objets dans une thématique street-art ?
Tout a fait, on a pas mal de mobilier urbain, on essaye de remettre des traces de leur vécu sur les objets qu’on recrée. Du coup, ça pourrait être légitime de les replacer dans leur milieu d’origine. Je suis partant !
Merci à Maurice Baillot, d’avoir pris le temps de répondre à nos questions !
Article : Ugo Schimizzi
Pour en savoir plus, n’hésitez pas à vous rendre sur le site de l’entreprise ou passer par Florange voir leurs œuvres :
http://www.valo.info/