24 janvier 2010 7 24 /01 /janvier /2010 22:15

Un film de Clint Eastwood peut être vu comme une partie d’échec.

Pas une simple joute opposant deux novices. Non, un combat de maîtres, où la beauté de l’art est tout du long révélée.

Invictus, le dernier né du géant Eastwood, met en scène l’arrivée au pouvoir de Nelson Mandela, dans une Afrique du Sud déchirée, marquée par l’Apartheid encore présent dans de nombreux esprits.

 

affiche-invictus.jpg

 

 

Il faut l’avouer, le film est dans son ensemble hautement positif, finissant en apothéose sur l’éclatante victoire des Springboks, l’équipe nationale de rugby, face aux All Blacks de Nouvelle Zélande, à la coupe du monde de 1995, organisée sur les terres de l’Afrique du Sud. Beaucoup apprécieront, d’autres pourront reprocher – à juste titre – une œuvre plus nuancée. Cependant, il serait injuste de résumer le film à une succession de bons sentiments.

Comme souvent dans les films de Clint Eastwood, le personnage principal – ici Mandela joué par un Morgan Freeman exceptionnel – est entouré d’une myriade de seconds rôles chirurgicalement définis. C’est d’ailleurs ainsi que la magie du réalisateur opère si bien, décrivant toute l’attitude et la psyché d’un personnage au travers d’une action ou une parole.

Qu’il s’agisse ici de la conseillère de Mandela, sa servante, son service de sécurité ou la famille du capitaine des Springboks – François Pienaar joué par Matt Damon -, le moindre rôle est écrit de manière méticuleuse, rappelant à juste titre un échiquier efficacement maîtrisé.

La construction du personnage de Nelson Mandela est elle-même faite de nuances, partageant avec un humour discret, la destiné du président comme les aléas familiaux ou médicaux du vainqueur de l’Apartheid.

 

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Cette ségrégation qui mine les discours tout au long du film révèle d’ailleurs les qualités de tacticien de Nelson Mandela, qui, en une parole ou une action, finira par faire vivre le pays uni et coloré dont il rêvait.

Au travers notamment de sa relation d’égal à égal avec François Pienaar, nouveau porte-parole de ses pensées. Dans ce rôle, Matt Damon quitte quelque peu ses habitudes d’homme d’action surarmé de films comme La mémoire dans la peau pour trouver un juste milieu entre le sportif et l’homme d’influence au sein de son équipe.

Jouant à la fois sur le terrain de la politique comme celui du rugby, le film réussit à nous tenir en haleine plus de deux heures durant, proposant une rythmique juste et enivrante, jusqu’au bouquet final.

Clint Eastwood s’essaye même à quelques plans particuliers pris directement sur le terrain, jouant avec ce son strident produit par l’envol du ballon ovale.

Le sport apparaît comme un exutoire à ce racisme primaire qui opposa avec véhémence Afrikaners et peuple noir d’Afrique du Sud, trouvant dans l’emblème national et le dépassement de soi un sujet d’ouverture et de réconciliation.

 

invictus1.jpg

 

Invictus, sans être un chef d’œuvre tient grâce à la réalisation à la hauteur de la réputation de son auteur, excellemment bien porté par Morgan Freeman, magistral dans sa prestation du président Mandela. L’humour saupoudré avec justesse tout au long du film et le suspense comme toujours mis en place avec virtuosité amplifient la signature de ce long métrage de la patte du grand réalisateur qu’est Clint Eastwood.

Sur la même lignée que Million Dollar Baby, bien qu’en deçà et bien moins dramatique, Invictus est un film qui ne décevra pas le public fidèle du réalisateur, et saura attirer un public curieux par une réalité qui était encore d’actualité il y a de cela moins de vingt ans…

 

 

Ugo Schimizzi

Un article en partenariat avec les cinémas Palace et Caméo Ariel de Metz.

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7 décembre 2009 1 07 /12 /décembre /2009 18:28

Le cinéma a parfois pour but de nous faire rêver, de nous transporter hors de notre quotidien, bien que l’histoire puisse y figurer. Le cinéma est là pour nous faire décoller, nous faire sentir léger, quelle que soit la gravité du film. Plus tard, peut-être, la réflexion prendra le dessus, et nous sortirons grandis de l’expérience. Mais avant cela, il y a la confrontation avec la pellicule, avec le vivant sur l’écran...

 

 

 

         « Si può fare » est un film hilarant sur un thème qui l’est beaucoup moins : la question des malades mentaux et des asiles.

 

         Nello est un responsable syndical débarqué pour ses méthodes non conformes aux idées de sa fédération. Il se retrouve, au milieu des années 1980, à la tête d’une coopérative de malades mentaux, à Milan. Ceux-ci, fraîchement sortis des asiles par la loi Basaglia, se voient affublés de tâches bénignes, leur offrant un semblant d’occupation.

Nello, ignorant tout de l’ensemble des maladies que peut regrouper son petit personnel, les traite comme des ouvriers normaux, avant de se rendre rapidement compte que rien ne sera facile.

Entouré de médecins gavant les malades de calmants et médicaments en tous genres, Nello comprend petit à petit le cadeau empoisonné que lui ont fait ses dirigeants. Mais, loin de se décourager, il découvre presque par miracle le génie et les capacités de ses associés.

 


         Le film traite ce sujet droit dans les yeux, avec la chaleur que chacun devrait mettre en présence d’une personne déficiente mentalement. Solidement documenté, il distille quelques informations sur différentes maladies – schizophrénie, autisme, dépression, paranoïa – sans jamais devenir ennuyeux ou simplement théorique. Petit à petit, on comprend bien que chacun, selon ses aptitudes et ses difficultés, est capable d’apporter sa pierre à l’édifice.

Nello arrive à prouver petit à petit que chacun de ses patients, bien que ne possédant pas toutes ses facultés mentales, peut avoir sa place dans la société grâce au travail, et la coopérative devient une entreprise de pose de parquet. Les débuts sont catastrophiques. Mais, une nouvelle fois grâce à un coup du sort, et le besoin inaltérable de symétrie pour deux malades du groupe atteints de schizophrénie, ils parviennent à transformer une erreur monumentale en lancement de leur succès.

Puis l’entreprise grandit, Nello oublie même parfois sa femme à force de succès de ses associés, et elle ne manque pas de le lui rappeler. Mais l’intrigue se situe bien dans cette corporation de malades mentaux, qui petit à petit, va s’affranchir des médecins, achetant leur propre usine, avec leurs chambres personnelles et un unique docteur pour les superviser. De nombreuses questions intelligentes et indispensables comme celle de la sexualité sont amenées avec élégance et humour dans le film. Une idée utopique germe alors face au succès du petit groupe : faire sortir tous les aliénés de leur retraite et les réintégrer à la société par le travail. Mais tout ne sera pas aussi facile pour Nello, et certaines de ses solutions seront parfois très critiquées.

 


         Le film est fascinant, tant pour la trace qu’il laisse à l’esprit grâce à un humour génial que pour sa facilité à parler d’un sujet tabou. Une multitude de questions sont ainsi présentées avec un parti pris certain : considérer les malades comme des êtres humains à part entière, et les aider à intégrer une société qui les a parqués dans des lieux d’oubli. La notion d’égalité est souvent mise en avant, avec les contraintes et difficultés que cela peut apporter.

 

         Le cinéma est capable d’immenses choses, de sentiments formidables, et de raconter des histoires que l’on pourrait difficilement se mettre sous les yeux en d’autres occasions. Mais là où le cinéma excelle, c’est véritablement quand il a la chance de sublimer le quotidien, le vrai. La beauté de la chose prend son sens lorsque s’inscrit à l’écran une simple phrase : cette histoire est tirée de faits réels. Car, oui, il y a bien des utopistes, des médecins, des psychologues, des personnes révoltés par le sort de frères, de cousins, d’amis, et des malades eux-mêmes qui refusèrent cette situation.  

 

         ‘’ La première expérience associative de malades a été la Nuova Cooperativa (voire fiche IRED spécifique). Dès la moitié des années 1970 ,un groupe de malades, qui avec son travail "ergothérapeutique", produisait une grande partie des fonctions matérielles des pitaux (main d’oeuvre dans les cuisines, à la blanchisserie, de jardinage, nettoyage des pavillons,..), avait organisé une grève et préparé une plateforme de revendications: une paye régulière, un contrat de travail, les droits civils, la possibilité de choisir où vivre, même en dehors du contrôle de l’appareil médical. Les "malades de l’ergothérapie", avec l’appui d’un groupe de travailleurs médicaux et avec le soutien de l’Administration de gauche, organisent une coopérative qu’ils appellent "Nuova" (Nouvelle) pour signifier la nécessité d’innover, par rapport aux expériences coopératives traditionnelles, les règles économiques d’une entreprise, et de les utiliser en fonction de l’autonomie personnelle, d’une productivité de groupe et pour se donner une représentation d’eux-mêmes dans le contexte social qui les avait refusés.

Aujourd’hui la Coopérative associe 180 membres dont plus de la moitié sont des usagers des services psychiatriques territoriaux auxquels s’est ajouté un groupe provenant d’expériences de grande marginalité.’’

(source : http://base.d-p-h.info)

 

 

            « Si può fare » a été récompensé hier par l’Amilcar du public et l’Amilcar des exploitants dans le cadre de la 32ème édition du festival du film italien de Villerupt.

Alors, simplement, un immense bravo pour ce film tout autant que pour les malades du monde entier et toutes les personnes qui ont le courage et la volonté de les aider à vivre normalement !

 

 

Ugo Schimizzi

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14 novembre 2009 6 14 /11 /novembre /2009 11:58

         « Vincere » se veut un film sur la jeunesse de Mussolini. « Vincere » se veut un film sur la maîtresse de Mussolini, Ida Dalser qui resta jusqu’à sa mort l’épouse légitime du Duce, bien que celui-ci l’ait très tôt reniée. « Vincere » se veut également un film esthétique, à la fois novateur et empruntant à l’imagerie des films néoréaliste italiens des années 1960. Malheureusement, « Vincere » est bien peu de tout cela.

 


Certes, tous les ingrédients sont là. Giovanna Mezzogiorno, l’actrice jouant l’amante du futur chef des chemises noires, est impériale dans son rôle, devenant même pénible tant son aliénation est crédible. Filippo Timi, jouant Mussolini, est réellement bon tant qu’on peut l’apercevoir à l’écran. Le film lui-même semblait bien parti, présentant la jeunesse socialiste du patron du journal il Popolo d’Italia, qui le lancera plus tard dans le fascisme. Des images d’archives viennent également étayer le propos, présentant des discours du Duce. Images toutefois moins marquantes et intimistes que celles ressorties récemment du passé par les concepteurs de la série Apocalypse.

 

Malheureusement, et il y a bien lieu de trouver cela malheureux, de nombreuses erreurs viennent émailler un film qui aurait pu faire partie des grands de cette année. Prenons simplement la qualité d’image, de cadrage, et le travail remarquable du directeur photo, ne serait-ce que dans les scènes tournées dans le cinéma. Quel dommage que, contrebalançant ainsi une telle qualité esthétique, on se retrouve avec des effets des plus navrants : des titres clignotent et apparaissent comme dans une présentation powerpoint mal ficelée, ponctuée de petits avions tricolores envahissant l’écran comme autant de cheveux sur la soupe. L’idée aurait pu être bonne, présentant des idées novatrices sur l’expressionnisme clinquant des personnages, mais le résultat est plutôt navrant.

 


 

Scéniquement parlant, il est un peu exagéré de dire que ce film traite de la vie du Duce. En effet, on n’entrevoit aucune explication ni aucun éclairage sur le changement des opinions politiques de Mussolini, qui, dans le film, a brusquement basculé du socialisme au fascisme, acclamant la guerre. Ses collaborateurs eux-mêmes s’en étonnent dans le film. Sa présence- même est réduite à une petite demi-heure. Après, c’est le grand vide. Mussolini ne sera uniquement évoqué qu'à travers des images d’archives sans grand rapport ni intérêt vis-à-vis de l’histoire. On en entendra bien sûr énormément parler au travers de Ida Dalser et de son fils Benito Albino Dalser, de manière redondante et même foncièrement pénible. On se balade d’asile en asile, de folie en crise, Ida Dalser refusant jusqu’à sa mort de changer sa version des faits, certifiant avoir été mariée à Mussolini. Le certificat de mariage ne fut d’ailleurs jamais retrouvé, et mère et fils moururent avant la fin de la 2ème guerre mondiale, chacun dans un asile.

 

Le film, présenté au dernier festival de Cannes, met plus de deux heures à se finir, dans les tourments et la douleur de celle qui, très tôt, fut reniée par son amant. Il aurait été intéressant de creuser plus en amont la psychologie de Benito Mussolini, plutôt que de laisser la passion dévorante de Ida Dalser envahir l’écran. « Vincere » réduit finalement ce qui est un drame familial et historique à une histoire de folie unilatérale, où le Duce aurait pu être remplacé par n’importe quel autre protagoniste. Certes, Mussolini a eut tôt fait de supprimer de sa vie sa gênante maîtresse, mais il ne fallait peut-être pas pour autant axer les deux tiers du film sur la passion de cette dernière.

 

 


 

A noter que le film a reçu hier l'Amilcar de la presse au 32ème festival du film italien de Villerupt.

Bravo au réalisateur Marco Bellocchio et à toute l'équipe du film.

 

 

Ugo Schimizzi

 

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14 novembre 2009 6 14 /11 /novembre /2009 11:43

 

         « Generazione Mille euro » est autant une comédie qu’un portrait de genre. Il campe le quotidien de Matteo, 30 ans, représentant de toute une génération : celle de la jeunesse précaire. Partant de l’image populaire du jeune bardé de diplômes, naviguant entre CDD et tracas de la vie courante, le film visite et ravage avec humour des clichés savoureux.

 


Matteo est spécialisé en mathématiques, dont il a fait une réelle passion. Mais pour vivre, il a été obligé de prendre un CDD de 6 mois  dans le département marketing d’une société de télécommunication en pleine restructuration. L’oppo même de ses croyances et de sa vérité que sont les statistiques. Il vit en collocation avec deux autres types. Le premier est un ami fort proche, projectionniste dans un cinéma, et adepte des jeux de console. Le deuxième n’aura pas le temps de se présenter, puisqu’il repart d’entrée de jeu chez ses parents, n’ayant plus un sous en poche. A la recherche d’un nouveau colocataire respectant les trois règles des deux amis – pas de con, pas de femme, pas de fan de l’inter – Matteo se fait plaquer dans le même temps par sa copine, interne dans un hôpital, qui a besoin de réfléchir.

 

Malgré les apparences, le film n’oscille ni entre un drame déprimant et grisâtre, ni dans les sphères hautement scientifiques et réfléchies d’une sitcom dégénérée.

Non, là où nous emmène le réalisateur Massimo Venier, c’est bel et bien dans un film au style caractéristique du cinéma à l’italienne. Le film est ainsi enlevé, jouant sur l’humour et le sarcasme. Des scènes hilarantes se mêlent à des dialogues savoureux et des remarques piquantes et justes à la fois. Les seconds rôles, entiers, font de ce film bien plus qu’un simple témoin d’un phénomène de mode, en particulier le colocataire campé par Francesco Mandelli détonant tant par son ironie que par son flegme magistral. Son personnage de confident, tantôt aux côtés de Matteo, tantôt en tant que complice implicite du spectateur, accentue la dimension du film avec brio. Valentina Lodovini, la nouvelle colocataire dont Matteo va s’éprendre, apporte également beaucoup de fraîcheur au film, contrebalançant (avec) la froide beauté de la chef marketing de Matteo. Ce dernier se retrouve donc ballotté entre des choix et des décisions à prendre, là où l’amour, l’amitié et le travail se réunissent et perturbent ses stratégies.

 


Bien malin qui saura deviner les choix du mathématicien, et on a d’ailleurs un peu le tournis par moment, tant la partie semble compliquée. C’est d’ailleurs la petite critique à faire à ce film bien mené de bout en bout. Ce manque de clarté dans les vingt dernières minutes du film nous secoue dans tous les sens de manière plus anecdotique. Les amours de Matteo prennent le pas sur le reste de sa vie, et on se perd un peu dans ses choix parfois hasardeux.

Mais le réalisateur sait maîtriser son sujet, emprunté au roman éponyme né du blog d’Antonio Incorvaia et d’Alessandro Rimassa. Divertissant et réellement amusant, le film campe bien les doutes et les hésitations d’un pan de la population, avec rage et saveur, présentant la jeunesse telle qu’elle est : vivante !

 

Un film à voir, semblable dans le traitement au coup de cœur du public de l’an passé : Amore, Buggi e Calcetto.

 

 

Ugo Schimizzi

 

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12 novembre 2009 4 12 /11 /novembre /2009 12:33
 

« L’uomo che verrà » est un film à paraître prochainement dans nos salles. Il a été couronné récemment au festival de Rome 2009, recevant le prix spécial du jury ainsi que le prix du public. Réalisé par Giorgio Diritti, l’histoire raconte ce qui fut appelé plus tard le massacre de Marzabotto.

 

 

Nous sommes en décembre 1943, non loin de Bologne. Le nord et le centre de l’Italie souffrent sous l’occupation allemande, et les partisans ont bien du mal à lutter contre les nazis. Martina est une fillette de 8 ans, muette depuis le décès de son petit frère, mort peu après sa naissance, il y a de cela quelques années. Mais sa mère est à nouveau enceinte. Bien que la nouvelle semble rendre heureuse Martina, toute sa famille -pauvres paysans- craint la famine. Les temps sont durs, la nourriture vient à manquer, et le travail et la prière sont les seuls réconforts de leurs journées lugubres. Régulièrement, des patrouilles allemandes font des haltes, achètent du vin, inspectent les environs à la recherche des partisans. Ces derniers opèrent par guet-apens, comptant sur les villageois pour les cacher et les aider.

Bien souvent, on suit l’histoire selon le point de vue muet de Marina. On découvre des gens simples, habitués à vivre leur vie de misère dans une certaine justice. Ils ne comprennent pas vraiment toute l’agitation qui tourne autour de leur région, ni ces envahisseurs venus prendre leurs terres. C’est d’ailleurs ce qui semble le plus les révolter, saisissant mal les tenants et les aboutissants d’un conflit mondial. Le droit à la terre de leurs ancêtres. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’ils aident les partisans. Mais tout n’est pas si rose sur les flancs du Monte Sole. Parfois les rôles s’inversent, et les partisans quémandant soins et nourriture semblent bien plus cruels que les soldats allemands offrant du pain aux enfants affamés.

Tout empire finalement lorsqu’une division SS envahit le village l’automne suivant, répondant aux représailles des rebelles un peu trop prompts à décimer les rangs allemands. Sans finesse ni état d’âme, la troupe envoie ad patres l’ensemble du village, avec force cruauté et idées malsaines.

 


Dans l’ensemble, « l’uomo che verrà » est un film qui se tient bien. Ni génial, ni foncièrement mauvais, il ne prend pas vraiment de parti pris, présentant la réalité telle qu’elle semblait être. Le point de vue candide de Marina est intéressant, même si dans le traitement, on retrouve trop souvent les habitudes de tel film de genre. La fin du film semble plus anecdotique dans sa construction, insistant une fois de plus sur la cruauté aveugle des démons nazis, preuve s’il en fallait encore que la guerre est tout ce qu’il y a de plus horrible. Le désespoir pesant tout au long du film s’achève donc sur un paroxysme de détresse et de malheur, la fillette semblant le seul être pourvu d’une volonté inébranlable.

 

Ugo Schimizzi

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12 novembre 2009 4 12 /11 /novembre /2009 12:26

« Cosmonauta » est le premier long métrage de Susanna Nicchiarelli, docteur en esthétique du cinéma. Il raconte l’adolescence de Luciana, sur fond d’Italie communiste, emportée par les récents exploits de l’URSS dans la conquête de l’espace. Nous sommes alors au début des années 1960. Poussée par son frère aîné Arturo, lui aussi communiste et passionné par l’espace, Luciana tente de s’affirmer comme une femme, à la fois au sein du parti des jeunes communistes et vis-à-vis des hommes en devenir.

 

 

 

Affrontant régulièrement son père, véritable benêt qu’elle n’hésite pas à traiter de fasciste, elle ne rêve que de vie en rouge et d’étoiles. Cherchant sa place au milieu des autres jeunes adeptes du parti, elle a souvent bien du mal à se faire entendre, la poignée de garçons s’auto satisfaisant de leurs déclarations souvent creuses. L’un d’entre eux cependant, amoureux, lui porte plus d’attention que les autres et elle partage ses sentiments. Mais rapidement, Luciana  se retrouve jalouse d’une fille qu’elle a introduite dans le parti : celle-ci s’est éprise du chef des jeunes, et Luciana commence à broyer du noir. Cependant, elle garde le sourire, se raccrochant à Valentina Tereskova, première femme envoyée dans l’espace, à qui elle voue un véritable culte. Suivant l’exemple de Marisa, militante exemplaire, elle s’investit dans toutes les campagnes et promeut les idées communistes dès qu’elle le peut. Mais voilà, la réalité rattrape ses rêves de grandeur, et les premiers amours ne sont pas facilement contrôlables.

 


Assez léger, habile et parfois drôle, le film n’évite pas quelques longueurs, toutefois peu nombreuses. D’un point de vue historique, ce long métrage mixe brillamment de nombreuses images d’archives, rarement diffusées, et l’actualité encensée par la presse italienne. A cette époque, le prolétariat croyait de toutes ses forces à l’émancipation de sa classe à travers cette course pour l’espace, la presse relayant avec ferveur chaque nouvel exploit du bloc de l’Est.   

Luciana vit et survit à ses déboires amoureux, et son jeune âge semble parler pour elle, à travers ses hésitations, ses doutes et ses paroles cruelles. Parfois agaçante, elle est un reflet exact de l’adolescence, et son personnage est bien construit.

Pour un premier long métrage, Susanna Nicchiarelli a réalisé une œuvre subtile, originale de par son sujet, et bien traitée sur une période charnière dans l’évolution des hommes comme des femmes. Parfois, quelques clichés s’installent et le déroulement semble un peu trop évident pour le spectateur, mais l’ensemble reste de bonne facture.

 

Ugo Schimizzi

 

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12 novembre 2009 4 12 /11 /novembre /2009 12:18

« Fortapàsc » est malheureusement une histoire vraie : l’histoire de Giancarlo Sani, mort à 26ans, jusqu’à aujourd’hui le seul journaliste tué par la Camorra, mafia italienne de la région de Naples.

 


Alternant entre l’évolution rapide et efficace du jeune Giancarlo en tant que pigiste dans un petit canard de Torre Annunziata, proche de Naples, et ses déboires amoureux, le film avance à un train agréable.

La réalisation est précise, prenant bien soin de laisser apprécier toute la dimension des protagonistes, non sans de légères pointes d’humour bienvenues. Sans mise en scène à œillades et grands renforts de complots, Marco Risi s’applique à rendre une copie propre et claire, comme son héros. Rapidement, on peut se rendre compte que l’aspirant journaliste ne cherche pas tant le scoop qu’à laisser éclater ce qui dérange. La vérité comme la question de l’information ressortent ici avec tout le courage et la détermination qui leurs sont liés.

Le film ne tombe jamais dans le cliché rebattu par les nombreux films traitant de la mafia italienne, et la réalisation efficace tient bien en haleine le spectateur tout du long. Les nombreuses ramifications et liaisons entre les différents personnages explicitent bien les complots auquel le spectateur prend part, tantôt en tant que maffioso initié, tantôt aux côtés de Giancarlo, à la recherche de la vérité.

Toujours souriant, accusant, traquant et recoupant ses sources d’informations, Giancarlo apparaît comme un journaliste d’investigation inexpérimenté, mais pourtant détenteur de la solution. Apprenant sur le terrain de ses erreurs, profitant de passe-droits pour recueillir des indications uniques, il nous transporte dans son monde avec envie, et nous laisse entrevoir son état d’esprit. Ainsi, on se prend facilement au jeu, et on comprend bien les motivations qui l’animent, alors qu’éclot en notre for intérieur l’envie de le pousser plus loin, bien que chacun connaisse la fin tragique du film.

 

 

A bord de sa Méhari, sillonnant la nuit, accompagné de la radio distillant ses mélodies, Giancarlo contemple la nuit une dernière fois, effrayante et attirante, avant que la justice qu’il réfute ne s’abatte sur lui.

Le 23 septembre 1985, Giancarlo Sani est abattu par les membres de la Camorra. La justice, celle en laquelle il croyait et qu’il voulait faire respecter, mettra 12 ans avant de trouver et de punir les coupables.

Le film est finalement l’allégorie du personnage qu’il présente, entre le documentaire et la fiction. La réalisation de Marco Risi trouve aisément sa place dans la classe des films archives, utiles et même indispensables. Pour ne pas oublier…

 

 

Ugo Schimizzi

 

 

plus d'infos sur le festival de Villerupt :

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12 novembre 2009 4 12 /11 /novembre /2009 12:09

Quequette blues, ça va faire mal !

Quequette blues, faut qu’ça emballe !

Le refrain explicite de cette chanson éponyme, présente bien le premier album de Baru.

Sec et bien envoyé, sans faux semblant, étalage pompeux de style graphique ou quoi que ce soit d’autre. Baru ne se lasse pas de le rappeler, et on l’apprend une fois de plus dans ce documentaire de Jean-Luc Muller, dans la vie, il y a l’ancrage social et le rock’n’roll. Du moins, c’est ainsi que la vie marche pour ce fils d’immigré italien, ayant grandi aux environs de Villerupt, entre une piscine chauffée sous la neige, et l’acier infernal des hauts-fourneaux.

 

 

Le documentaire produit par Oxygène Production insiste bien sur l’environnement qui a fait de Baru ce qu’il est devenu. Une classe sociale en plein essor, filles et fils d’immigrés, pour beaucoup à l’usine, le nez dans les mines ou les yeux bouffis des 3x8 dans les hauts fourneaux.

Dans le même temps, l’heure est à la montée du rock’n’roll, des Jimi Hendrix, The Clash ou The Who, pour ne citer qu’eux. Et cet univers est propre au style de Baru. Fluide, direct, comme un bon crochet du gauche dans la face du lecteur. Mais jamais rien de gratuit. Le trait toujours appuyé, le décor présent, à sa place, par nécessité. Pour expliquer, pour justifier l’état du personnage.

 


Toujours avec humour, alternant scènes de bd, interviews croisées du dessinateur, de ses collègues et anciens amis, le documentaire s’écoule rapidement. On ressort avec l’impression d’en avoir tant appris sur le personnage, aussi pittoresque qu’attachant, que sur le terreau qui l’a vu grandir.

Pari réussi donc pour Jean-Luc Muller, qui traduit plutôt bien les desiderata de l’homme au cuir noir, très marqué par sa jeunesse dorée qui lui inspirera entre autres La Piscine de Micheville, dont le festival de Villerupt réédite l’album.

 

 

Ugo Schimizzi

 

photo : Juliette Delvienne

 

 


A noter que le documentaire sera diffusé au début de l’année 2010 sur France 3. 

 

Plus d'infos sur le festival de Villerupt :

www.festival-villerupt.com

 

Plus d'infos sur Baru :

www.baru.fr

 

Plus d'infos sur Jean-Luc Muller le réalisateur :

http://pagesperso-orange.fr/jean-luc.muller/

 

 

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7 novembre 2009 6 07 /11 /novembre /2009 20:01

 

 

 

C’est dans un hôtel de ville noir de monde que s’est ouverte cette 32ème édition du désormais incontournable festival du film italien de Villerupt. Le thème de cette année, quand la classe ouvrière allait au paradis, le titre du film de Elio Petri, semble presque trop approprié à cette période de doute et de lutte qu' est la nôtre actuellement. Dans un contexte morose, fait de joie à chaque mince victoire face à la précarité, cette nouvelle édition du festival apparaît comme le rayon de soleil de toute une région.

 

 


 

C’est le message qu’ont voulu transmettre les élus vendredi soir, entre souvenirs du passé et métaphores avisées pour notre avenir. Alain Casoni, maire de Villerupt et conseiller général de Meurthe-et-Moselle, est d’abord revenu, comme les autres élus par la suite, sur cette notion de classe ouvrière, si indispensable à une région où le feu et l’acier n’ont cessé d’alimenter tout un pays trente années durant. Saluant le courage et la volonté de tous ces ouvriers, le maire a rappelé le brassage formidable qui a conduit à faire de la Lorraine ce qu’elle est aujourd’hui, terre d’accueil et de mixité. Alain Casoni compare alors les immigrés italiens, polonais, espagnols autrefois maltraités, à nos frères d’Afrique d’aujourd’hui victimes d’arguments nauséabonds quant à l’idée d’identité nationale.

Le petit miracle que constitue ce festival, salué par Jean-Pierre Minella, vice-président du conseil général de Meurthe-et-Moselle, rappelant lui aussi au passage ses origines italiennes et sa fierté d’être devenu élu français, est également défendu chèrement par Oreste Sacchelli, co-organisateur du festival avec Yves Cardellini et Antoine Compagnone. Ici, loin des jugements du festival de Cannes, dont les écrits de la presse sont capables d’une année à l’autre de faire renaître et mourir le cinéma italien, on s’applique à faire perdurer les honneurs des réalisateurs transalpins.

 

 

 

 

Cette année encore, cette tradition ne fera pas défaut, le festival proposant 60 films dans différents endroits de Villerupt, mais aussi de manière délocalisée. Ainsi, Metz, Nancy, Esche-sur-Alzette ou encore Epinal proposeront une sélection de films dans leurs cinémas, tandis que le Cinemobile, cinéma projeté dans un camion, sillonnera les environs de Villerupt, de Longwy à Aumetz.

Cette sélection, éclectique tout en restant au diapason de la classe ouvrière, sera composée de films inédits, à peine sortis en salle, ou encore d’anciennes réalisations marquantes des années 1970. C’est d’ailleurs dans ce contexte, après un discours vibrant de Jean-Pierre Masseret, le président de la région Lorraine, que fut présenté au millier de personnes réunies pour la soirée le documentaire Di madre in figlia (de mère en fille) retraçant le quotidien de repiqueuses de riz du nord de l’Italie, il y a un demi-siècle de cela. Le film voyage entre documents d’archives et commentaires construits et parfois amusants d’un groupe de repiqueuses de riz lors de leur jeunesse, le Coro delle Mondine di Novi, aujourd’hui pour la plupart octogénaires, devenu chorale itinérante. Une chorale qui, courbée les pieds dans l’eau et souffrant pendant quarante jours de juin à juillet afin de ramener un peu de sous à la maison, chantait déjà leurs malheurs et leur envie de liberté et qui ne cessa depuis de perpétrer ce besoin d’expression. L’expression inaltérable de femmes qui se construisirent autour de joies et de peines, de travail et de volonté, que rien ni personne, pendant l’époque fasciste ou encore aujourd’hui, n’empêchèrent d’aller de l’avant. Ces femmes, ces mères, ces épouses, chantant pour les partisans comme pour les travailleurs, parcourent aujourd’hui l’Italie afin que personne n’oublie. Que personne n’oublie que le travail est un choix, une souffrance, mais aussi une récompense. Que personne n’oublie les difficultés que toute une génération de femmes a connu pour vivre, s’émanciper et obtenir des conditions dignes de leur statut. Que personne n’oublie enfin de lutter pour ses envies, ses désirs, ses rêves.

 

 

 

 

 

Et c’est justement tel un rêve que le chœur apparaît dès les lumières rallumées au bout de la salle de l’hôtel de ville, chantant leur courage et leur bonheur d’être ici, devant une salle debout, les acclamant. La mise en bouche que constituait le documentaire parfaitement réalisé et maîtrisé, bien que vibrant et riche, était peu face à l’émotion que procurait la vision de ces grand-mères, chantant à pleins poumons siamo lavoratori, voliamo la liberta (nous sommes des travailleurs, nous voulons la liberté). Et lorsque cette vingtaine de femmes entonne Bella Ciao, hymne des Mondine dans les rizières, devenu ensuite chant des partisans italiens, la foule ne s’arrête plus de vibrer et de chanter, applaudissant à tout rompre tant leur courage que l’espoir apporté pour cette soirée, comme pour l’avenir.

 

Alors, une nouvelle fois, bon vent à cette 32ème édition, et qu’arrive le plus tard possible le moment de refermer cette quinzaine du bonheur, au rythme de la culture italienne, vivace et belle.

 

 

Ugo Schimizzi

 

 

crédits photos : Juliette Delvienne


 

Plus d’informations sur :

 

Le chœur des mondines de Novi :

http://www.mondinedinovi.it/


Le festival du film italien de Villerupt :

http://www.festival-villerupt.com/

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21 août 2009 5 21 /08 /août /2009 19:57

Retrouvez ce film dans les cinémas Palace et Caméo Ariel de Metz.

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