8 décembre 2008 1 08 /12 /décembre /2008 01:00

C’est dans la salle de L’Autre Canal de Nancy, que le Jardin Du Michel a décidé d’installer son camp d’hiver. Le festival débute tard, avec l’ouverture des portes sur les coups de 19h.

MAGIC DUB SKATOLOG ALL STARS

Le festival commence presque dans l’anonymat général, le premier groupe entraînant depuis l’entrée vers la première salle, baptisée « le club », un maigre public d’une cinquantaine de personnes.

« Magic Dub » se compose majoritairement de cuivres – trompette, trombone, saxophone et soubassophone – mais également d’un banjo et d’une batterie réduite au minimum.

A première vue, cela ressemble à de la musique de café que l’on s’écoute volontiers autour d’une bonne bière. D’entrée de jeu, le son est imposant, peut-être même peut-on regretter l’importance des basses. Le saxophone joue très grave, semblant palier l’absence de chanteur. Le groupe ressemble à un groupe d’étudiants en train de réciter leurs partitions. Ce n’est pas désagréable à écouter, mais pas vraiment original non plus. Le groupe est peu expressif sur scène, la musique est assez répétitive. Du « skabituel » avec un éclairage assez simple.

Le concert se termine aux alentours de 20h, dénotant au passage un désaccord concernant la correspondance entre l’affichage sur écran et celui sur papier. On y apprend également le changement de tête d’affiche, cette dernière claironnant fièrement la présence sur une date unique de Lee Scratch Perry, pionner et monstre incontesté du reggae jamaïcain.

Mais avant cela, les gens vagabondent vers la grande salle de L’Autre Canal, l’organisation ayant eu la bonne idée d’alterner entre le club et la deuxième salle, plus imposante, pour éviter d’avoir trop de délais d’attente entre les concerts.

 

LA CARAVANE PASSE

On se retrouve face à un groupe d’énergumènes vêtus de costumes d’une « kitcherie » incroyable. Malgré un étrange jeu d’accents venus d’Europe de l’Est, ils s’efforcent de communiquer avec le public. Celui-ci n’a pas vraiment augmenté depuis le premier concert, avoisinant les soixante-dix personnes, la moitié ayant été directement s’asseoir. Le groupe est tout de même catalogué comme festif  

Composé de nombreux cuivres, d’un violoncelle, d’une batterie et de deux chanteurs délurés, la musique n’a, à priori, rien d’original… jusqu’à ce que les accents de l’est virent à l’espagnol, et que le concert prenne la tournure d’une comédie musicale. Comédie musicale dans le bon sens, où s’enchaînent alors anecdotes hilarantes et musique de choix. Il y a déjà plus de réponse de la part du public, les compositions swinguent bien.

On sent la bonne humeur qui anime ce groupe parisien, originaire de Plechti, village du monde inconnu au bataillon. Près de cent cinquante personnes garnissent la salle au moment où LA CARAVANE PASSE entame un hymne aux kebabs : salade, tomate, oignon. Plus de doute, on comprend enfin le côté festif du groupe et le public y met du sien !

Côté chant, on assiste tout à la fois à d’excellents arrangements vocaux et à un passage interminable tout en onomatopées … bluffant ! Alternent donc des chansons rythmées fort agréables - avec également le karaoké plechti - et des semi-tempos moins originaux, mais qui restent tout de même bien plus qu’écoutables.

Après avoir assisté au solo du saxophoniste capable de jouer en même temps de deux de ses instruments, le groupe s’offre un petit bain de foule d’un grand quart d’heure, alors que les techniciens s’affairent déjà à démonter la scène.

Chapeau donc à LA CARAVANE PASSE, qui passe vraiment bien en concert !

 

TOURNEE GENERALE

Retour dans le club, salle miniature plus large que longue, pour écouter un groupe de la région. La musique fait penser à un mélange entre la RUE KETANOU et des chansons de marin. Ca sonne bien, mais côté texte, moins de prouesses. Ils sont trois à chanter, accompagnés d’une guitare, d’une basse et d’un accordéon.

Un groupe sympathique sans rien d’innovant, et ce d’autant plus qu’ils succèdent à LA CARAVANE PASSE.

LEE SCRATCH PERRY

Le festival a pris un peu de retard. Il n’est pas loin de 23h quand se présente sur scène le groupe phare de la soirée. On tourne alors à 300-400 personnes environ.

Les musiciens s’installent et vérifient que tout fonctionne bien, ils ont le sourire … l’humeur semble bonne.

L’équipe du soir se compose d’un synthé, d’une basse, d’une batterie et…d’une guitare. Les musiciens commencent à jouer sans introduction, la salle est raisonnablement pleine, le public venant également se placer sur les balcons. Le premier morceau ressemble à un bœuf de vieux briscards concentrés, s’appliquant à jouer sérieusement leur chanson. La lumière est aux couleurs de la Jamaïque, la batterie a un gros son. Derrière, le bassiste fait tranquillement son travail, installant un beat planant.

La salle est bien pleine à présent, tête d’affiche oblige, et l’ambiance monte progressivement, malgré la disparition des sourires sur les visages des musiciens.

Arrive enfin LEE SCRATCH PERRY, bougie et micro à la main, sac de voyage en bandoulière.

Le groove s’installe vraiment et on assiste à une belle démonstration de concert de reggae. Le groupe livre un concert puissant, plein d’amour et parsemé de nombreux « I Love You ». L’ambiance est chaude et Lee Perry conserve, malgré ses soixante-douze ans, une belle voix teintée par le timbre de son âge. Parcourant sans cesse la scène, on sent son envie de réaliser une bonne prestation, malgré la disparition de la fougue qui pouvait l’animer il y a trente ans. Malgré tout, le concert est vraiment très agréable, aux accents jamaïquains omniprésents.

Rastafaraï, yeah man !

R-WAN

Le festival perd ensuite en intensité avec le duo suivant, composé d’un chanteur-rappeur et d’un batteur multifonction – adepte également du flutio – et le concert prend la forme d’une radio pirate, la radio cortex. Animés d’un esprit de folie et de jeux de mots plus ou moins recherchés, les deux compères enchaînent des minis sketchs et des chansons se voulant critiques ou parodiques.

Mais le niveau est très inégal. Le premier morceau est une reprise du Laisse béton de RENAUD, remise au goût du jour en Lâche l’affaire, assez bien pensée. R-WAN connaîtra de nombreux problèmes techniques durant le concert – notamment son micro – mais ne se dispensera pas de livrer un humour facile et souvent plat. Dans l’ensemble, le chanteur adopte un faux côté DIDIER SUPER, à la fois potache et beaucoup moins efficace que son modèle. Comme quoi, il n’est pas si évident que ça de faire un spectacle d’une nullité géniale !!!

Une chanson portée sur le vocabulaire lié à la batterie relève durant quelques minutes le niveau bas de gamme, mais on replonge aussi vite dans une critique de la sous-culture française assez clichée, ce qui ne porte pas le débat très haut. On retiendra tout de même la chanson sur Walt Disney, où le chanteur, grimé en Donald, livre une prestation sympathique et originale.

 

KALY LIVE DUB

C’est passé une heure du matin qu’arrive le dernier groupe, KALY LIVE DUB, amateur – comme son nom l’indique – d’un type de musique électronique : le dub. A cette heure avancée, il reste encore pas moins de trois cent personnes pour venir écouter les Lyonnais, figure de proue de leur style. Le groupe se compose d’une guitare, d’une batterie et de deux ensembles électroniques incluant synthés et platines.

Auréolé d’un jeu d’ombres et lumières, très blanc et argenté, KALY LIVE DUB nous sert un set puissant, atmosphérique, mixant aussi bien scratch que loop de voix. L’ambiance est vraiment planante d’autant que le son est très bien réglé pour la clôture de ce festival, le tout régulé par une batterie puissante et millimétrée – particularité du dub à la française qui se passe de boîtes à rythme.

 

… Eclectique, bien orchestrée et très performante sur le plan du son, la première édition de cette version d’hiver du Jardin Du Michel laisse un bon souvenir. Bien que la fréquentation du public ait été inégale, notamment en début de soirée, et que les jeux de lumière n’aient pas toujours été des plus efficaces, l’organisation, ainsi que la technique, s’en sortent très bien, et le niveau des groupes proposé est tout à fait à la hauteur. Mention spéciale à LA CARAVANE PASSE, qui a véritablement su motiver le public, de par leurs chansons et leur bonne humeur qui n’a jamais faibli.

Vivement la version printanière du festival (les 7, 8 et 9 mai prochains)…

 

TOUTES LES PHOTOS DU FESTIVAL ICI

 

Ugo Schimizzi
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