33ème festival du film italien de Villerupt - Petit tour du propriétaire :
Le rituel fin octobre reprend. 33èmeannéedéjà pour le festival du film italien de Villerupt.
Chevauchant l'asphalte à travers la Meurthe-et-Moselle, les voitures pénètrent dans la bourgade endormie. Rassurante, la cité s'éveille dans une constance rassurante. Bien sûr, les changements sont là, la ville évolue, se transforme, mais dans le fond, l'esprit même subsiste.
L'an passé, Villerupt nous avait subjugé avec Il Coro delle Mondine di Novien guise d'ouverture.
Cette année, l'accent est mis sur le thème « macho...ma non troppo ». C'est une nouvelle fois – coïncidence ? - Baruqui s'y colle pour l'affiche. Baru, dessinateur de BD de son état, à peine à la retraite et qui enchaîne donc la tournée des festivals, en bon rockeur qu'il est, puisqu'il présidera en janvier prochain le prestigieux festival de la BD d'Angoulême, ayant gagné le grand prix en 2010.
Sans tomber dans nombres de poncifs et clichés, venir à Villerupt ressemble en cette période de l'année plus qu'une autre à se rapprocher de l'Italie avec une force et une vitesse vivifiante. Le bleu se part alors pour toute une quinzaine d'une teinte verte flamboyante, et l'idée d'identité nationale agréablement écartée, on se plait plutôt à songer à l'identité de cette Lorraine plurielle et multiple. Pour cette quinzaine donc, ce sont les nombreuses communautés de l'Italie qui sont mises à l'honneur, et à travers elles leurs cultures, leurs folklores, leurs cuisines. Mais également le cinéma, puisqu'il s'agit bien de cela dans ce festival !
Festival de Villerupt : mue d'automne
En octobre, la terre Lorraine se pare de feuilles, le ciel baigne trop souvent dans le gris. Mais ici, pour peu que l'on prête l'oreille aux conversations et que nos yeux épient un peu plus le quotidien, on y découvrira quantité de trésors. Des affiches fleurissent, des syllabes chantent et s'enchantent, les rues se peuplent et des odeurs de tomates et de basilics émergent de nombreuses cuisines. Oui, le festival de Villerupt reprend bien ses quartiers et a une fois de plus de nombreuses choses à dire (bien que les habitants continuent à cuisiner de la même manière tout le long de l'année !).
En dehors, les nombreuses décentralisations permettent au public de prendre rendez-vous avec la culture transalpine et découvrir des bijoux d'inventivité et de réalisation.
La vitalité du cinéma italien, que l'on encensait l'an passé est toujours d'actualité cette année.
Des nouveautés en rétrospectives, la sélection est encore d'excellent goût. On voit également ressurgir quelques films de l'an dernier, donc l'excellent Si Puo Fare(voir notre critique ICI),Cosmonauta(notre critique également ICI) mais aussi le passionantRomanzo Criminalefresque d'une bande de jeunes à la conquête du monde de la drogue romain et la reprise à sensation de Bienvenue chez les ch'titsici corrigé enBenvenuti Al Sud.
Vous l'aurez compris, le festival du film italien de Villerupt accueil tous les publiques, tous les âges et tous les goûts. Car le cinéma italien a beaucoup de choses à montrer et démontrer. Cinéma d'auteur, comique, à succès ou documentaire, la richesse est bien là, malgré un pays au demeurant en pleine dérive.
Il Cavaliere –Sabina Guzzanti
Centre de ces maux,Il Cavaliere,Silvio Berlusconi semble être un coupable tout désigné de ces penchants au naufrage. Miné par les scandales, peu scrupuleux de son image, l'homme fort de la botte exporte une bien triste image du pays.
Pis, un film tourné sous forme de documentaire, se charge de dépeindre de lui une réalité à mille lieux de ce qu'il essaye de renvoyer.
Sorti récemment en France et distribué dans quelques centaines de salles de l'hexagone,Draquila, L'italia Che Trema (Draquila – L'italie qui tremble) de la réalisatriceSabina Guzzantiétait également présenté en Lorraine. Et question machisme,ma non tropposemble avoir été oublié concernant le personnage.
Bien installé dans le traditionnel Cinemobile que l'on retrouve cette année encore (il avait été question éventuellement de le supprimer l'an passé, voir notre article ICI), on peut d'ailleurs assister à une présentation sous forme de clip des principaux films à voir. Elegante, alléchante et rythmée, cette création pure du festival est vraiment bien montée, et donne envie de se plonger dans de nombreux films.
Vient ensuite le traditionnel habillage, réalisé autour de l'affiche de Baru (encore lui, il a réalisé pas moins de 6 affiches en 34 éditions) des années 2000. Le couple danse, cabriolle sur fond de sidérurgie, dans un rouge incandescent.
Arrive enfin Draquila. La terre tremble, les basses également.
Visuellement, pendant 1h30, la réalisatrice nous en mettra clairement plein la vue. Les métaphores et images sont parfaites. Les créations purement géniales. Et le ton cynique, l'humour décapant donnent une force, une puissance et une justesse de ton à l'ensemble.
Draquila raconte malheureusement une histoire bien trop vraie. Surtout, le récit s'attache à montrer la réalité concernant le tragique tremblement de terre survenu dans la région des Abbruzzes en avril 2009. Au dela des réactions des habitants, le film s'attarde sur les réactions des pouvoirs publics, les déclarations et les passations de pouvoir. Au milieu de tout ça, la protection civile, devenue une véritable milice en Italie, orchestre et détourne l'argent, à ses propres fins, renforçant le pouvoir de Berlusconi. Les sans abris sont parqués dans des camps, on leur promet de nouveaux logements, le paradis. En vérité, tout est arrangé pour que le gouvernement et ses affiliés en tire le meilleur parti. La façon dont la réalisatrice a traité le sujet prête souvent à sourire sur des piques et pousse au soupir encore et encore. Les horreurs si justement dénoncés sont simplement abjectes.
C'est presque un devoir au final de voir ce documentaire afin de s'informer d'une situation qui peut nous paraître lointaine dans son déroulement mais qui finalement pourrait tout aussi bien nous arriver. De plus son traitement graphique, esthétique et son parti pris d'en rire plutôt que d'en pleurer fait réellement de ce long-métrage un des films de l'année 2010. Percutant d'épouvante, fracassant de génie, c'est aussi pour ça qu'on aime l'Italie.
C'est sur cette note grincante mais indispensable que ce refermera notre festival de Villerupt, également clôturé comme chaque année par le décernement des Amilcar (du nom du créateur du trophée) récompensant les meilleurs films du festival.
Le 33e Festival du Film Italien de Villerupt a décerné ses « Amilcars » 2010 | |||||
Ont été primés :
| |||||
L'Amilcar de la ville de Villerupt a été décerné à Maurizio NICHETTI, réalisateur et acteur |
Article : Ugo Schimizzi
Plus d'informations sur le Festival du Film Italien de Villerupt :
http://www.festival-villerupt.com/